Traducere în franceză: Sonia Elvireanu
pomme fendue, voilà ma vie
pomme fendue, voilà ma vie.
bistouri à la main du chirurgien,
son visage empourpré à l’aube
après avoir fait l’amour
comment pourrais-je l’oublier?
ainsi ce fut
le coup du destin
de rencontrer un jour quelconque
de septembre
la raison de ma mort
et d’être tranquille comme le peuplier
avec le frémissement
de sa feuille.
donc j’ai accompli mon devoir,
je suis allé
jusqu’au bout de mon désespoir
sans me plaindre
et j’ai vu combien la lumière d’un esprit
poétique
est impuissante, inutile
devant le lit froid de la mort,
auparavant chaud.
plus explicite je ne serai pas.
ça suffit, cette faveur pour le diable.
le pavot de juin
le pavot de juin connut son amour.
son amour a passé
comme le pavot de juin.
mais chaque année
va
apparaître
en souriant,
silencieuse gémissant à mort
au fil de nos vies
cette clochette de flammes ravagées.
surpris, à sa vue
nous serons un instant, de nouveau
empourprés par l’amour
comme les nageoires des poissons-ciel
comme la tache fraîche de sang
d’un inconnu en tramway
comme le coquelicot de juin
silencieux gémissant à mort
dans les matins de mai.
un arbre fastueux, souple, jusqu’au ciel
sans amour
je suis vraiment bon
à faire pousser de moi l’absence
un arbre fastueux,
souple,
jusqu’au ciel.
- comme du coeur des morts?
- comme du coeur des morts.
là-haut
sur le rameau au sommet tu te berces
toute nue
tenant dans tes bras l’oeuf primordial
fraîchement pondu
par l’oiseau spirituel de Char.
dix ans quel vent t’a emportée
en un instant
pour toujours de la terre
est-ce trop difficile à dire ?
penche tes rameaux, penche-toi
branche sur la basse mer,
si tu veux bien,
si non
non.
le petit verre
L’Un, Seul, a bu au verre
nous avons bu au petit verre.
(d’un poème non écrit)
quelque temps après le verre
eut le goût d’un fruit miroité.
je mors à sa chair avec prudence:
dedans
c’est le ver.
dedans, en profondeur
ce sont les pleurs d’un enfant
qui demande sans cesse de sortir
dehors –
de voir le soleil jusqu’à l’aube
que la mort sonne du cor, de quoi que ce soit
et que ce son se niche dans le verre
comme un baiser donné à la pierre
éternellement ramifié
en carnations,
en cerveau.
dedans, en profondeur
cependant tout près
sous l’étoile double le rire
de la grenouille dans les eaux.
(din antologia lumină, încet de Marian Drăghici)